L’Union des Européens

Tribune européenne du 24 octobre 2014

par Cyril Benjamin CASTRO

 

Tous les médias se sont émus des tout derniers sondages réalisés juste avant les Elections Européennes du 25 mai. Mais de manière étonnante, ils n’ont retenu que le pourcentage élevé des intentions de vote pour le Front National (22% ou plus selon les estimations), qui a confirmé les résultats des élections municipales, et qui se sont confirmés lors du scrutin (avec plus de 25% dans un contexte d’abstention massive).

Pourtant aucun média n’a osé souligner qu’il n’y avait aucun parti ouvertement pro-européen dans les résultats de ces sondages. Car aucun parti français n’a une position claire prônant une unification politique de l’Europe, et ceci inclut certains nouveaux partis issus de la société civile dont on entend – pour certains – tant parler !

soirée rencontre Europe Citoyenne & Europe populaire

Cyril B. CASTRO
Agir pour convaincre
et rassembler

Depuis 20 ans, la plupart des hommes et des femmes politiques mettent sur le compte de l’Europe les carences, les manquements, les erreurs qui leur incombent. Et savent promptement s’attribuer les mérites, en occultant ce qu’ils doivent à l’Union. On aurait pu naïvement penser que l’UDI serait le conglomérat qui porterait le projet européen en France. Or, il est devenu aussi composite que les autres partis et a perdu toute capacité à assumer ce cap. La tâche du prochain président de la formation du centre-droit sur cette question sera cruciale.

Ceci a conduit des femmes et des hommes issus du centre-gauche, des écologistes sincères, du centre, de la droite et de la société civile – disons plutôt civique – à créer Europe Populaire, nouveau parti humaniste, central et européen. Alors que dans un passé encore récent les mouvements pro-européens n’étaient qu’associatifs et malheureusement incapables de s’entendre et de s’unir, Europe populaire, qui s’était associé début mars avec le Rassemblement Citoyen pour réaliser le travail de rassemblement de toutes les forces résolument pro-européennes en France et présenter des candidats aux élections européennes sur les listes « Europe Citoyenne » en Ile-de France. Les associations réellement pro-européennes et porteuse d’un projet concret et cohérent doivent apporter leur pierre à la démarche constructive d’Europe Populaire, et s’investir dès à présent. Pour une Europe du Cœur et de la Raison…

POUR UNE EUROPE FEDEREE A 10 PAYS, DANS 10 DOMAINES, OPERATIONNELLE DANS 10 ANS

On constate pourtant que l’Europe est jugée nécessaire y compris par les patriotes sincères (que pèsera seule notre France en 2025, avec 0,7% des habitants de la planète ?), mais l’Europe angoisse aussi parce qu’on ne sait pas où elle va, où elle nous amène, bien plus encore que pour ce qu’elle est devenue. On lui reproche plus – et justement- le fait qu’elle ne nous défende pas. On lui reproche même, à cause de la lâcheté de quelques politiciens qui refusent d’assumer telle ou telle direction, son caractère anti-démocratique. La commission Juncker, qui vient d’être validée par le Parlement nouvellement élu, doit incarner un vrai processus de rapprochement entre l’Europe et les Peuples, sinon cette dernière chance qu’elle incarne malgré toutes les réserves évidentes, s’évanouira face aux populismes ragaillardis.

Europe Populaire défend une Europe efficace et concrète. A 28, avec des institutions qui sont le fruit non maîtrisé d’une histoire qui s’est accélérée ces 15 dernières années, elle ne peut avancer avec méthode et ambition. Pour avancer il faut se recentrer. Plutôt que des cercles à épicentres mouvants, il convient de préconiser un Cœur d’Europe, communauté d’intégration européenne, à centre unique qui pourraient voir greffer et accueillir tel ou tel autre correspondant à ses standards d’exigence, à ses besoins et à ses intérêts réciproques, en échange d’une adhésion totale et définitive au projet politique, social et culturel de ce nouveau Cœur d’Europe.

Promouvoir à court terme une communauté politique de l’Euro comme l’a fait récemment le groupe Eiffel Europe est malheureusement politiquement irréaliste car beaucoup des pays de la zone euro sont aujourd’hui dans une situation trop fragile sur les plans économique, social et politique pour se lancer dans un tel processus. Et les Peuples qui les composent n’y sont sûrement pas tous volontaires. Concentrer tous les efforts des dirigeants politiques européens sur le sauvetage de la zone euro est en fait contreproductif pour la construction européenne comme le note justement François Heisbourg dans son livre La Fin du rêve européen (Stock, 2013), d’autant plus qu’elle a semblé créer des antagonismes où la compréhension mutuelle et le dialogue auraient dû accompagner les efforts de chacun.

Il faut convenir d’une intégration graduée mais méthodiquement résolue, notamment dans dix domaines clés d’ici à 2025 : l’environnement et les énergies, la sante, la recherche et l’éducation, l’emploi, la fiscalité, donc le budget, l’industrie et le numérique de la prochaine décennie, l’agriculture et l’alimentation, la politique de défense et la protection effective des frontières y compris dans le domaine des données personnelles et de la lutte contre la cybercriminalité, une politique culturelle et sportive et une citoyenneté européenne. Dans le domaine budgétaire par exemple, une convergence en cinq ans des politiques fiscales, après trois ans de réflexion sur les grands choix d’impôts. Ce rapprochement pourra aboutir à une gouvernance raisonnée et à une politique de la dette solidaire et planifiée. Une politique budgétaire intégrée devra trouver des outils solides d’objectifs, de mise en place et de contrôles, pour accompagner cette convergence essentielle.

Le Cœur d’Europe est un élément central du programme d’Europe Populaire, profondément européen (détaillé sur www.europepopulaire.eu). Il est impératif également que les adhérents futurs d’Europe Populaire soient directement utiles aux Citoyens en pensant concret, à court, moyen et long termes.

Il est aujourd’hui nécessaire et urgent que tous ceux qui veulent œuvrer pour l’unification politique de l’Europe sachent s’unir voire se fédérer et s’engager pour toutes les élections futures, européennes ou plus locales. Autrement le choix français du 25 mai, largement amplifié par des médias qui ne donnaient pas leur place aux forces pro-européennes, sera confirmé, laissant la part belle aux partis europhobes et aux partis eurosceptiques. Il faut éviter cette catastrophe historique irréversible en leçon aux résultats de cette année 2014, année cruciale.

Cyril Castro est président d’Europe Populaire, auteur du livre Combats – Perspectives 2014 (Europe Populaire éditions, 2014).

Cyril Castro a été candidat aux élections européennes du 25 mai 2014 sur les listes « Europe Citoyenne » en Ile-de-France, en proposant, avec d’autres, la création d’une chaîne d’info sur l’Europe et l’Union.