Le Monde – Les Européennes 2014

L'eurodéputée Corinne Lepage.

C’est une liste dont Corinne Lepage est « très fière », et pour cause, elle a choisi chacune des personnes avec précaution. Lundi 5 mai au Pavillon de l’eau à Paris, l’eurodéputée écolo-centriste (elle a quitté le MoDem en 2010) a présenté sescolistiers pour la circonscription Ile-de-France-Français de l’étranger, sous la bannière de sa nouvelle formation, « Europe citoyenne ».

Qu’ont-ils en commun ? Ils viennent de la société civile, sont des européens convaincus et engagés dans des causes auxquelles la candidate aux européennes adhère.  « Des gens qui ont prouvé leurs idées dans leurs actes », appuie Corinne Lepage.

« IL NOUS FAUT DES DÉPUTÉS DIFFÉRENTS »

Cette liste est le fruit d’un constat qu’elle a pu faire en tant que parlementaire européenne depuis 2009 : « Il nous faut des députés différents », martèle-t-elle, à mesure qu’elle dénonce ses collègues actuels à Strasbourg et ceux qu’elle craint de retrouver après les élections. « Ne nous y trompons pas, le 25 mai, ce ne sont pas des partis politiques que l’on va élire, ce sont des hommes et des femmes, dont certains ne mettront pas les pieds au Parlement. La plupart des candidats voient leur mandat comme un job donné par leur parti, viennent défendre des intérêts nationaux, ou bien sont sous la coupe des lobbies. »

Corinne Lepage raconte les colères qu’elle a pu avoir, comme ce jour où elle a perdu son combat contre « le lobby de l’huile de palme, après qu’un certain nombre de mes collègues aient été invités à visiter les palmeraies en Malaisie ». L’un des points phare de son programme est d’ailleurs la création d’un parquet européen pour juger les problèmes environnementaux et sanitaires, la fraude fiscale, les trafics d’influence et la corruption. « On peut avoir toutes les règles que l’on veut, s’il n’y a pas de sanction, elles ne serviront à rien. »

Elle voudrait par exemple interdire les « portes tournantes », expression qui désigne les gens qui viennent de l’industrie, entrent en politique, et repartentoccuper des postes à responsabilité dans leurs entreprises d’origine. Au programme également : une politique industrielle commune (PIC) sur le modèle agricole de la PAC, « pour créer des emplois et peser au niveau international », explique l’ex-ministre de l’écologie sous Chirac. Le « cœur d’Europe » est l’autre projet de grande ampleur de Corinne Lepage, qui consiste, « pour une dizaine de pays aux niveaux économiques et sociaux proches, à harmoniser certaines normes comme le salaire minimum, pour aller ensuite vers une intégration politique ».

UN DÉMARRAGE DE CAMPAGNE DIFFICILE

Les trois semaines jusqu’au scrutin s’annoncent difficiles pour l’eurodéputée, qui ne bénéficie pas, comme en 2009, de l’étiquette MoDem et du poids politique deFrançois Bayrou pour porter sa campagne. Elle déplore d’ailleurs un manque d’exposition médiatique, par rapport aux grands partis : « Ceux-ci se sont arrogé le droit de parler d’Europe en ayant l’air de ne pas en parler. Résultat : les citoyens vont penser qu’ils doivent voter PS ou UMP s’ils sont pour l’Europe et FN s’ils sont contre. Je veux montrer qu’il y a une autre dynamique possible. »

Cette autre position est celle de l’« eurocritique », comme se définit Cyril Castro, quatrième sur la liste : « Nous ne disons pas que tout va bien. Mais au lieu de pleurer en disant « l’Europe nous bouffe », nous agissons. » La liste Ile-de-France-Français de l’étranger comprend deux candidats établis hors du territoire français. A travers la bannière « Europe Citoyenne », Corinne Lepage présente huit listes en France, toutes menées par une femme.

Alice Chevrier